"Cyprès"

Un cyprès vert et une route blanche. Voilà, à peu près, quelles étaient les couleurs et l’objet de notre quête, de notre déambulation, ce jour-là. C’était l’été, c’était la Toscane.

François évoquait la figure du peintre Klingsor en son ultime saison dans la nouvelle de Herman Hesse et je lui disais mon intention prochaine d’attiser mes mots à la flamme végétale des cyprès incandescents du dernier Van Gogh, à cette obscure ardeur que Vincent croyait n’avoir jamais su rendre, qui le rongeait comme un regret et à laquelle pourtant, il avait par petites touches, brûlé sa vie.
Partout autour de nous, telles des plumes d’indiens fichées dans le paysage en un subtil jeu de piste, les chandelles vertes n’avaient de cesse que de nous faire signe. Difficile de ne pas répondre à leur appel.

Aussi, l’air de rien, comme en catimini, presque par inadvertance, nous efforcions-nous tous les deux en une maigre embuscade, de les cerner. Ou, pour dire les choses plus modestement, de les approcher. Sans faire de bruit, sans parole inutile.

Comment au demeurant, aurions nous pu, un seul instant, espérer les réduire? …

Patrick Mialon, Carnet toscan.